C’est le titre d’un rapport écrit par Frédéric Pie qui analyse l’économie dans laquelle nous allons vivre, voir vivons déjà… Très bon texte, pour vous mettre l’eau à la bouche voici une anecdote extraite du texte. Elle illustre l’importance du savoir et des compétences des individus par rapport à la valeur des biens matériels dans la “nouvelle économie”.
“Un jour que Christian Dior se trouvait à New York, il décida d’aller inspecter la boutique où les belles Américaines viennent acheter ses robes. Il discuta avec les vendeuses, observa les uns et les autres au travail, vérifia que tout était en place pour assurer la vente et la promotion de sa collection. La nuit tombait; dans quelques minutes, la boutique allait fermer. Il se préparait déjà à rejoindre son hôtel, quand une immense limousine noire s’arrêta devant la porte. Une grande femme, d’apparence encore jeune, en sortit et fit irruption dans la boutique, bousculant presque le portier.
Puis je vous aider, madame? dit la responsable du magasin. (Son anglais laissait percer juste ce qu’il fallait d’accent français.) C’est une catastrophe: je n’ai pas de chapeau qui aille avec ma robe et je vais à un dîner extrêmement important! Faites quelque chose! Je serais ravie de vous rendre service, madame. Malheureusement, nous n’avons pas de chapeau qui convienne dans cette boutique. Il faudrait aller à l’autre magasin, mais à cette heure ci, je pense qu’il est fermé… Écoutez, trouvez une solution! Je suis cliente depuis des années. Ne me dites pas que vous n’avez rien qui fasse l’affaire…
L’air de rien, Christian Dior avait écouté cette conversation. Il connaissait si bien ce genre de femmes qui formaient l’essentiel de sa clientèle… Il s’approcha et fit signe à la vendeuse de s’éclipser.
Bonjour, chère madame. Je pense que nous pouvons arranger cela. Si vous voulez bien me suivre…
Ravie, la cliente suivit cet homme élégant et sûr de lui qui la fit asseoir devant un miroir. Prenant un grand et large ruban rouge, il commença à en draper sa chevelure et le fixa avec quelques épingles. En quelques minutes, un chapeau totalement original, d’un goût saisissant, avait jailli de ses mains. C’était une perfection. Elle n’avait jamais vu ça et n’aurait su le décrire, mais c’était exactement ce qu’elle voulait. Son visage et sa robe étaient mis en valeur comme jamais. Déjà une vendeuse avait éteint certaines lumières. Il fallait partir. Tremblante, excitée à l’idée du succès qu’elle aurait ce soir là grâce à ce chapeau et à l’histoire qu’elle ne manquerait pas de raconter à ses amies, c’est à peine si, du bout des lèvres, elle osa demander ce qu’elle devait… Christian Dior, lui, n’hésita pas.
Combien avez vous dit? C’est impossible. C’est beaucoup trop cher! Madame, je ne marchande pas. Je viens de créer ce chapeau et il correspond exactement à ce que vous désiriez. Vous ne l’aimez pas? Mais il ne s’agit que d’un ruban et de quelques épingles… C’est tout de même très cher! Très bien, madame. Voulez vous vous rasseoir, je vous prie.
Avec calme, il défit sa création et se fit apporter un carton à chapeau vide dans lequel il plaça soigneusement le ruban et les épingles, une à une. Puis, après l’avoir refermé, il le tendit à la cliente, sidérée
Permettez moi de vous l’offrir, chère madame.”