Libérer les ondes

De bonnes nouvelles sur le front de la téléphonie mobile:

En Europe: La Commission propose de lever des restrictions en matière de spectre radioélectrique pour encourager les services sans fil innovants

Aux USA: Réseau 700 Mhz – Google milite pour une plate-forme ouverte

Concrètement aujourd’hui d’énormes pans de fréquence sont réservés à un usage exclusif contrôlé par une entité, je pense en particulier aux opérateurs mobiles. Ils décident des terminaux, des services et des tarifs qui ont le droit d’utiliser les “ondes”. Ce système tue l’innovation, car les acteurs en place on rarement intérêt à innover, ils préfèrent vivre de leur rente.

Mais il est aujourd’hui techniquement possible de partager ces ondes (c’est ce que fait le wifi par exemple). On définit une norme, un protocole et tout équipement qui la respecte à le droit d’utiliser “les ondes” pour fonctionner en réseau sans avoir au préalable à demander d’autorisation à qui que ce soit. C’est comme cela que fonctionne l’Internet filaire, il suffit de respecter le protocole TCP/IP. C’est qui fait que l’Internet est un terrain si fertile pour l’innovation. Il est possible de faire la même chose pour le sans fil, ce n’est pas encore le cas, mais comme le montre les deux articles ci-dessus les politiques en ont enfin pris conscience.

Les enjeux sont énormes, aujourd’hui l’Europe est en avance sur les USA, mais cette nouvelle manière d’utiliser les ondes pourrait changer la donne, c’est une nouvelle course à l’innovation qui démarre pour -je l’espère- le plus grand bénéfice des usagés.

Lettre de mission du Président à Madame la Ministre de la Culture

Notre cher président vient de définir la feuille de route du ministère de la culture dans une Lettre de mission du Président de la République adressée à Mme Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la communication

Madame la ministre a donc la lourde tache de faire 3 milliards de choses (comme rendre les musées nationaux gratuit) tout en dépensant moins. Travailler plus en dépensant moins.

Evidement on y parle de DADVSI et de révolution numérique, je reprend ici les passages concernés et rajoute mes commentaires en note de bas de page. Il y a du bon et du Sarko…

Comme d’habitude avec Sarkozy c’est le grand écart entre ce qu’il dit (intéropérabilité, mise à disposition gratuite du patrimoine public, adaptation des structures et des modèles économiques, …) et ce qu’il fait (la loi DADVSI qui a été voté par le partit dont il était le président). Mais le plus grave est bien sûr qu’il prend au premier degrés la métaphore des “autoroutes de l’information”. Il pense que les solutions techniques existent pour mettre des “radars” sur Internet et endiguer le “piratage”. C’est vrai elles existent, mais la patrie des droits de l’homme veut-elle vraiment faire pire que la Chine dans ce domaine?

La révolution numérique crée une possibilité d’accès quasi infini aux œuvres de l’esprit, tout en menaçant gravement la création par les atteintes aux droits d’auteur et aux droits voisins qu’elle permet.[1]

Quant à la révolution numérique, elle doit être l’occasion de conduire un public toujours plus nombreux vers le patrimoine culturel français et de langue française, et vers la création contemporaine. L’Etat peut l’encourager par la mise à disposition gratuite, sur Internet, du patrimoine public ou financé par des fonds publics, et par l’incitation à la diffusion numérique croissante de contenus culturels privilégiant des solutions innovantes, interactives et éducatives.[2]

Nous souhaitons conduire dans les plus brefs délais un plan de sauvetage de l’industrie musicale et, plus largement, de protection et de promotion des industries culturelles couvertes par les droits d’auteur et droits voisins[3]. Ce plan devra être mené avec la ministre de l’Economie, des finances et de l’emploi, et s’appuyer sur trois volets :

la montée en puissance d’une offre numérique diversifiée, bon marché et simple d’utilisation ; [4]

la prévention et la répression de la piraterie numérique ;[5]

l’aide à l’adaptation des structures et des modèles économiques des industries concernées. A cette fin, vous favoriserez la mise à disposition du public d’offres commerciales attractives de musique, de films et de toutes les formes de création enregistrée sur les nouveaux réseaux fixes et mobiles.[6]

La chronologie des médias doit poursuivre son adaptation.[7] Vous inciterez les titulaires de catalogues à numériser leurs œuvres et à les distribuer sur tous les supports. Vous ferez de l’interopérabilité une priorité majeure[8]. Parallèlement, vous rechercherez les voies et moyens pour conclure un accord interprofessionnel permettant de dissuader efficacement et de réprimer la contrefaçon de masse. Les solutions techniques existent, elles doivent être expérimentées et mises en œuvre.[9] Vous nous proposerez les mesures d’accompagnement utiles à la sauvegarde et à la transition des industries culturelles vers de nouveaux modèles de développement et de croissance. A partir d’un bilan de la loi DADVSI[10], vous préparerez enfin les prochaines échéances législatives et communautaires. Notre pays doit être en position pionnière en Europe pour la défense des droits, la diffusion de contenus numériques, la promotion de l’interopérabilité et la responsabilité des acteurs de l’Internet.

Par ailleurs, vous prendrez les dispositions nécessaires pour permettre à la presse quotidienne de sortir de la crise qu’elle traverse depuis des années, en particulier en ce qui concerne le régime de sa distribution et son adaptation à l’univers numérique.[11]

Notes

[1] Ca démarre fort par un bon gros mensonge: si quelqu’un peut fournir une preuve ou même quelques données concrètes montrant que la révolution numérique menace (même un tout petit peu) la création ça m’intéresse. Mais à ce jour ça reste à démontrer, certains pensent même que ce serait le contraire. La numérisation des oeuvres de l’esprit menace leur distribution sous forme physique, et elle porte atteinte aux gens qui pressent des CD, mais ce n’est pas la même chose.

[2] Oui oui et encore oui. Mais c’est un peu tout le contraire de la loi DADVSI qui a été voté par l’UMP

[3] Sauver l’industrie musicale, c’est à dire les majors du disques?? Pourquoi l’état viendrait t-il en aide à des intérêts privés qui ont loupé une révolution technologique ? Fallait-il sauver l’industrie du cheval au moment du développement de la voiture ?

[4] C’est une peu le coeur du problème, depuis le temps qu’on en parle , les majors du disque commence à peine à accepter de diffuser leur catalogue en mp3 alors que napster à plus de 8 ans

[5] Bou les méchant pirates

[6] Et oui financer l’expérimentation de nouveaux modèles économiques pour trouver le bon moyen de financer les créateurs… C’est si simple, pourquoi ne pas en avoir parler plus tôt??

[7] C’est tout le problème de la gestion du passage à l’ère numérique en France, au lieu d’être visionnaires, nos hommes politique ont toujours un train de retard, dans ce cas au moins 3 ans

[8] Le gros mot est laché, mais sait-il au moins ce qu’il veut dire?

[9] La raison N°1 pour laquelle je ne pouvais pas voter Sarko. Quelqu’un peut lui expliquer que si il veut vraiment aller au bout de cette logique il va falloir mettre un flic derrière chaque français, il va falloir fermer ce repère de pirates nazis pédophiles qu’est Internet et faire mieux que la Chine

[10] bilan:un point positif, les parlementaires on appris un nouveau mot: intéropérabilité. Point négatif: vu la loi qu’ils ont finalement voté ils n’en ont pas compris le sens

[11] Alors là faudrait que quelqu’un lui montre l’encre électronique, si vous pensiez que le numérique a mis le bordel dans la musique attendez de voir ce qui va se passer pour l’édition papier…