Le verdict de l’affaire Alexis est disponible en ligne. Je le considère comme une déclaration de guerre de la part de l’industrie du disque vis à vis de ses clients. Ils sont devenus fous! C’est le chant du cygne. Comment une compagnie peut-elle traîner ses propres clients en justice?!! Imaginez:
– Bonjour, Mr Dupont. Vous êtes coupable de ne pas avoir acheté suffisamment de voitures Renaud cette année.
– Mais, Monsieur, je n’ai pas besoin de voiture: j’utilise les transports en commun…
Je ne sais pas si mon image est la bonne, mais rien ne prouve que les ventes de disques baissent à cause du piratage. Par contre, il est de plus en plus flagrant que le “produit” vendu par les maisons de disque ne correspond pas à ce que le consommateur souhaite acheter. D’ailleurs, les termes “produit”, “consommateur” et “achat” sont-ils appropriés lorsque l’on parle de culture?
Voici le passage qui m’interpelle le plus dans ce verdict:
“Il conviendra toutefois de faire une application très modérée de la loi pénale. En effet ce remarquable outil de communication et d’échanges qu’est internet s’est développé sur une incompréhension lourde de conséquences;”
OUI
“Nombre d’internautes ont considéré ou cru qu’il s’agissait d’un univers, lieu de liberté où les règles juridiques élémentaires ne s’appliquaient pas. Or, les utilisateurs de ce système doivent prendre conscience notamment de la nécessaire protection des droits des auteurs, compositeurs ou producteurs des oeuvres de l’esprit ;”
Visiblement l’incompréhension perdure. L’Internet est un outil de communication tellement remarquable qu’il bouleverse l’un des fondements de nos sociétés: la communication. Le bouleversement est tel qu’il remet en cause les principes du droit d’auteur. Il est temps que nos dirigeants se penchent réellement sur la question. Ce combat est le même que celui des brevets logiciels.
Le 31 Janvier Viviane Reding, commissaire européen responsable de la société de l’information et des médias, a fait un discours pour relancer la stratégie de Lisbonne qui vise à faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Si nos dirigeants sont sérieux concernant ces objectifs, il serait temps de prendre conscience des bouleversements qu’implique “l’économie de la connaissance” et d’agir dans le bon sens pour adapter nos lois. Les intérêts de lobbys économiques ne vont pas dans le bon sens si l’on souhaite que l’ère de l’information profite au plus grand nombre plutôt qu’à une minorité. Si les lobbys gagnent le combat et imposent leurs préférences, nous n’aurons plus qu’à adopter la déclaration d’indépendance du cyberespace de John Perry Barlow.
Heureusement, les choses commencent à évoluer dans le bon sens, que ce soit pour les brevets logiciels (mais rien n’est encore gagné) ou sur la question de la dématérialisation des biens culturels[1] avec l’appel du Nouvel Obs qui demande un arrêt des poursuites mais propose aussi de suivre les conseils de l’ADAMI et d’instaurer une nouvelle taxe légale. La ligue Odebi explique pourquoi cette taxe n’est pas une bonne idée et elle appelle aussi au boycott de l’industrie du disque.
Ca me semble la moindre des choses. Rendez-vous compte: ils attaquent en justice leurs propres clients!! Les ventes de disques baissent? Donnons-leur une vraie bonne raison: le Boycott Total.
Pour conclure, il existe une manière d’agir: suivez le conseil de la Société civile des producteurs de phonogrammes en France (SPPF).
“La SPPF est convaincue que de telles actions vont amener progressivement la majeure partie des internautes, utilisant des logiciels P2P (logiciels d’échange de fichiers d’ordinateur à ordinateur, ndlr), à cesser de pratiquer l’échange de fichiers musicaux sur Internet et à se tourner vers les offres légales”
Malheureusement, l’industrie du disque ne propose pas aujourd’hui d’alternatives légales réellement utilisables (à cause en particulier des DRM). Mais souvenez-vous des mots du juge qui a condamné Alexis:
“En effet ce remarquable outil de communication et d’échanges qu’est internet s’est développé”
Il n’a pas tort: grâce à l’Internet, des alternatives légales existent. Abandonnez les produits de l’industrie du disque et decouvrez les oeuvres d’artistes libres. Soutenez-les financièrement si leur musique vous plaît. Mieux: allez à leurs concerts !!
Vous trouverez sur le site génération mp3 une liste non exhaustive de services légaux de musique sans DRM. J’y ajoute:
http://www.musique-libre.org
http://www.lamusiquenapasdeprix.com
Notes
[1] Ceux qui me lisent régulièrement auront remarqué que je cherche un terme positif pour désigner ce que les corsaires appellent le piratage de la musique et des films par Internet. Des idées..?
Salut Aurelien !
Je vois que l’on partage le meme point de vue…
Le conflit risque de durer, en tout cas, on est au moins 5 millions a penser pareilm ca devrait peser dans la balance au final 🙂
A bientot et bonne continuation,
Alban