Il y a 127 ans Victor Hugo dans le discours d’ouverture du Congrès littéraire international de 1878 posait les bases de la propriété littéraire et par extension de la propriété intellectuelle.
Je trouve ce texte fascinant. 127 ans, et pourtant on peut le lire sans changer une virgule et il s’applique parfaitement au monde d’aujourd’hui. C’est un peu désespérant d’ailleurs. Car il n’y parle que de la propriété littéraire mais aussi de la maladie du genre humain: la haine et je ne suis pas sûr que l’on ait beaucoup progressé sur ce point…
A l’époque Victor Hugo ne connaissait et ne parlait donc que du livre mais ses propos peuvent s’appliquer à toutes les créations de l’esprit. Voici l’extrait du discours que l’on devrait diffuser à chaque fois qu’un pascal Négre parle en public.
“Voilà où mène la confiscation de la propriété née du travail, soit que cette confiscation pèse sur le peuple, soit qu’elle pèse sur l’écrivain.
Messieurs, rentrons dans le principe : le respect de la propriété. Constatons la propriété littéraire, mais, en même temps, fondons le domaine public. Allons plus loin. Agrandissons-le. Que la loi donne à tous les éditeurs le droit de publier tous les livres après la mort des auteurs, à la seule condition de payer aux héritiers directs une redevance très faible, qui ne dépasse en aucun cas cinq ou dix pour cent du bénéfice net. …
Le principe est double, ne l’oublions pas. Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient-le mot n’est pas trop vaste-au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. “(Marques nombreuses d’approbation)