Une fois de plus maître Eolas nous offre le billet de synthèse qui va bien concernant le site lestelechargements.com.
Il est maintenant temps de passer à autre chose. Oui, Publicis et le ministère de la culture ont accumulé les bourdes. Je n’arrive pas à croire qu’ils soient aussi con. C’est une opération de com’ tout le monde le sait. Mais quel est son objectif? Nous convaincre que la licence globale c’est mal et que la réponse graduée c’est bien? Je ne crois pas. Ouvrir un espace de débat? C’est loupé. Non, l’objectif réel est de détourner l’attention du coeur du projet de loi: “la protection et donc l’imposition des mesures de protection technique”. Pour ce faire on agite l’épouvantail de la licence globale et on donne en pâture aux internautes un site minable. Ça marche, regardez tous les billets qui ont été écris sur la question, moi le premier.
Jeudi 23 février j’ai assisté à cette table ronde: « Vers un nouveau modèle de gestion des droits d’auteur face à l’environnement numérique ? » organisé par la fondation pour l’innovation politique, un think tank de droite. Pierre Sirinelli y a fait une présentation du projet de loi selon 3 axes:
- – Attaque en règle de la licence globale
- – Répression
- – Répression
Mais surtout pas un mot sur les mesures de protection technique, c’est la même stratégie. Et pas moyen de le contester (je le sais, j’ai essayé) car il se retranche aussitôt derrière son “autorité” juridique. Mais alors qu’en 2002 Mr Sirinelli affirmait “Le texte laisse perplexe” en parlant de l’eucd, aujourd’hui il défend le projet de loi DADVSI qui en découle… Que s’est-il passé entre temps?
Tarik Krim était aussi présent dans l’assemblé a interpellé Mr Sirinelli avec l’exemple suivant:
L’Europe a financé les recherches qui ont permis de créer le format MP3. C’est probablement le plus grand succès Européen dans le domaine des nouvelles technos puisque que ce format est aujourd’hui omniprésent sur la planète. Le projet de loi DADVSI (et l’eucd) en protégeant les MTPs (c’est à dire Microsoft et Apple qui sont les principaux fournisseur de ce type de format) condamne le MP3. C’est un peu comme si l’on faisait une loi qui nous obligerait à voler en Boeing et couperait les ailles d’Airbus…
Voilà la réalité des MTP/DRM pour sauver les intérêts d’industries culturelles qui n’ont pas su s’adapter on est prêt à sacrifier l’innovation, les logiciels libres et les libertés individuelles… Le projet de loi DADVSI existerait pour “défendre le droit d’auteur”. C’est de la fumisterie, une vaste manipulation, l’objectif de DADVSI est d’imposer les MTPs pour renforcer les monopoles existant, le droit d’auteur ne sert que de prétexte. Dans son “Introduction à l’économie cognitive”, Thierry Gaudin écrit:
“A mon sens, l’observation principale de Marx est que tout système de libre entreprise dérive naturellement vers des oligopoles ou des monopoles qui, par rapport au modèle idéal de concurrence parfaite, procèdent d’une logique maffieuse. Autrement dit, le logiciel marchand, si on le laisse à son fonctionnement spontané, donne lieu à des ententes entre les offreurs et tend vers un logiciel de pouvoir, où l’offre contrôle la demande (alors que c’est l’inverse qui seul garantit le meilleur service et les meilleures performances).”
L’état fait donc des lois pour réguler le marché et empêcher ces dérives mafieuses. Dans le cas du projet de loi DADVSI c’est tout le contraire. Cette loi sert les monopoles, freine l’innovation et favorise une minorité au détriment de la société dans son ensemble.
Que faire?
Informer, informer, toujours et encore. On est devant un véritable problème de société, mais peu de personnes sont conscientes des enjeux. Si vous lisez ce blog il y a des chances pour que vous soyez sensibilisé à la question. C’est votre rôle d’informer à votre tour vos proches et votre entourage pour contrecarrer la campagne de désinformation du ministère de la culture l’industrie. Faites savoir à vos députés quel sera votre vote si au lieu de défendre l’intérêt général ils privilégient des intérêts particuliers. Il reste un peu moins de 2 semaines avant la reprise des débats pour faire basculer l’opinion publique et empêcher le passage en force douce des mesures de protection technique qui s’annonce au parlement.
Si vous n’êtes pas convaincu ou qu’il vous manque des arguments sur le problème des DRM, lisez cette longue description. Et je vous encourage à vous rendre sur la page Comment agir ? du site eucd.info.
Merci pour cet excellent article. Ta citation de Gaudin sur Marx me semble très pertinente dans le contexte de la loi DADVSI. Il y a réellement dans ce type de loi des questions qui interrogent sur les évolutions de certaine forme de capitalisme avancé où la loi prétend venir au service de monopoles.
Bonjour,
votre relation de mon intervention à la fondation pour l’innovation politique me laisse un peu étonné. Un point exact, tout le reste éloigné (ou mal compris) de ce que j’ai dit. Que la licence globale me laisse perplexe n’est un mystère pour personne. Ma position est proche de celle exposée par la commission du CSPLA que j’ai présidée pendant un an (la nuance n’est pas indifférente : on peut présider des travaux, relater la position de la majorité sans y adhérer nécessairement: mais sur la licence globale, je suis en harmonie avec le point de vue majoritaire). Je peux m’en expliquer à nouveau mais le rapport le fait mieux que moi. Il suffit de s’y reporter. Il ne s’agit pas d’une prise de position idéologique mais d’une construction argumentée. Chacun jugera…
Pour le reste, on ne peut pas dire que je suis pour la répression et encore pour la repression alors que j’ai toujours écrit le contraire et que je l’ai répété ce soir là. Je le dis encore : le P2P est une chance extraodinaire pour les internautes et pour les industries culturelles. Faisons en sorte que cette chance soit saisie. Je n’ai jamais désiré (et je l’ai écrit) que les internautes soient envoyés en prison. Relisez le rapport ou reportez-vous à mes écrits universitaires. Le seul point sur lequel j’évoque des sanctions concerne ceux dont le business model est la contrefaçon ou l’incitation à la contrefaçon. Je ne trouve rien de déshonorant à ce point de vue, d’autant que je le complète d’un autre qui est que la lutte légitime contre les gens qui vivent en parasites de la création ne doit pas bloquer l’innovation. Ni entrainer derrière les barreaux les utilisateurs de ces technologies. Votre compte rendu laisse directement croire le contraire. Je ne peux pas laisser passer pareille affirmation alors que dans le même temps j’affirme qu’il faut trouver les moyens de mieux se faire rencontrer la demande et l’offre et qu’il faut répondre à l’appétit légitime d’oeuvres tout en trouvant la faculté de rémunérer les différents acteurs de la chaine culturelle. L’idée est celle d’un "commerce équitable" juste pour tous et facteur de développement. Je n’ai rien dit des DRM parce que je n’en pense rien de particulier et que je n’en ai jamais fait la promotion. En revanche, relisez-moi, je prône l’interopérabilité.
De grâce, arrêtez les procès en sorcellerie alors que je n’arrête pas, par exemple, de tendre la main au Logiciel libre et que j’essaye de trouver une sortie "par le haut", honorable pour tous et protectrice de l’intérêt général. Je pense qu’il y a suffisamment de personnes qui agissent dans l’ombre pour que vous vous mobilisiez contre d’éventuels vrais périls plutôt que de déformer des propos qui sont pourtant officiellement en ligne et aisément vérifiables. Plutôt que de créer de faux conflits, oeuvrons ensemble à élaborer l’Inernet de demain.
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