Un commentaire à lire

Je fais remonter dans ce billet le commentaire laissé par Pierre Sirinelli sur mon billet “lestelechargements suite et fin”. Il estime que certaines de mes affirmations à son sujet sont fausses. Je pense qu’il est important que les personnes ayant lu ce billet, lisent son commentaire pour avoir les deux points de vue.

Le rapport dont il est question est disponible sur la page du cspla c’est le Rapport de la commission spécialisée du CSPLA portant sur la distribution des œuvres en ligne

Update: le compte rendu de la table ronde est disponible sur le site fondapol

Le commentaire de Pierre Sirinelli:

Bonjour,

Votre relation de mon intervention à la fondation pour l’innovation politique me laisse un peu étonné. Un point exact, tout le reste éloigné (ou mal compris) de ce que j’ai dit. Que la licence globale me laisse perplexe n’est un mystère pour personne. Ma position est proche de celle exposée par la commission du CSPLA que j’ai présidée pendant un an (la nuance n’est pas indifférente : on peut présider des travaux, relater la position de la majorité sans y adhérer nécessairement: mais sur la licence globale, je suis en harmonie avec le point de vue majoritaire). Je peux m’en expliquer à nouveau mais le rapport le fait mieux que moi. Il suffit de s’y reporter. Il ne s’agit pas d’une prise de position idéologique mais d’une construction argumentée. Chacun jugera…

Pour le reste, on ne peut pas dire que je suis pour la répression et encore pour la repression alors que j’ai toujours écrit le contraire et que je l’ai répété ce soir là. Je le dis encore : le P2P est une chance extraodinaire pour les internautes et pour les industries culturelles. Faisons en sorte que cette chance soit saisie. Je n’ai jamais désiré (et je l’ai écrit) que les internautes soient envoyés en prison. Relisez le rapport ou reportez-vous à mes écrits universitaires. Le seul point sur lequel j’évoque des sanctions concerne ceux dont le business model est la contrefaçon ou l’incitation à la contrefaçon. Je ne trouve rien de déshonorant à ce point de vue, d’autant que je le complète d’un autre qui est que la lutte légitime contre les gens qui vivent en parasites de la création ne doit pas bloquer l’innovation. Ni entrainer derrière les barreaux les utilisateurs de ces technologies. Votre compte rendu laisse directement croire le contraire. Je ne peux pas laisser passer pareille affirmation alors que dans le même temps j’affirme qu’il faut trouver les moyens de mieux se faire rencontrer la demande et l’offre et qu’il faut répondre à l’appétit légitime d’oeuvres tout en trouvant la faculté de rémunérer les différents acteurs de la chaine culturelle. L’idée est celle d’un “commerce équitable” juste pour tous et facteur de développement. Je n’ai rien dit des DRM parce que je n’en pense rien de particulier et que je n’en ai jamais fait la promotion. En revanche, relisez-moi, je prône l’interopérabilité.

De grâce, arrêtez les procès en sorcellerie alors que je n’arrête pas, par exemple, de tendre la main au Logiciel libre et que j’essaye de trouver une sortie “par le haut”, honorable pour tous et protectrice de l’intérêt général. Je pense qu’il y a suffisamment de personnes qui agissent dans l’ombre pour que vous vous mobilisiez contre d’éventuels vrais périls plutôt que de déformer des propos qui sont pourtant officiellement en ligne et aisément vérifiables. Plutôt que de créer de faux conflits, oeuvrons ensemble à élaborer l’Inernet de demain.

Ma réponse:

Tout d’abord merci d’avoir pris le temps d’apporter des précisions à mon évocation de votre intervention à la fondation pour l’innovation politique et de vos efforts pour aider à l’élaboration de l’Internet de demain.

Comme vous l’écrivez, le mieux est que les personnes qui souhaite se faire une opinion lisent le rapport. Je pense même que c’est une lecture impérative dans le débat DADVSI car son contenu est d’une grande qualité comme je l’ai déjà indiqué. Mais malheureusement je trouve (et s’est bien entendu un jugement subjectif qui n’engage que moi) que les conclusions du rapport, tout comme la présentation que vous en avez faites, sont orientés pour convenir aux souhaits de l’industrie du disque.

Et l’une de vos phrase me laisse perplexe:

“Je n’ai rien dit des DRM parce que je n’en pense rien de particulier et que je n’en ai jamais fait la promotion. En revanche, relisez-moi, je prône l’interopérabilité.”

Comment après avoir présidé une commission qui a rédigé un rapport qui contient 59 fois le mot DRM dans 83 pages pouvez-vous ne rien pensez de particulier des DRMs? Au risque de lasser mes lecteurs, je le répète encore: les DRMs sont le coeur du débat. Ne pas avoir d’opinion sur les DRMs, c’est ne pas avoir d’opinion sur le projet de loi DADVSI. On ne peut pas prôner l’intéropérabilité et ne rien penser des DRMs, les deux sont incompatibles. L’un des objectifs des DRMs étant justement la non interopérabilité (empêcher qu’un fichier protégé puisse être lu sur un terminal non autorisé) Le contrôle des usages privés à distance ce n’est pas de la sorcellerie, la technologie le permet, ça s’appel les DRMs. Je ne pense pas que ce soit le rôle de l’état que de protéger une technologie encore moins si elle est de ce type.

Un des amendements du projet de loi dadvsi prévoit un rapport au Parlement dans l’année qui suit la promulgation de la loi pour apprécier si l’équilibre proposé est satisfaisant. Il se trouve que l’Australie a fait exactement la même chose que nous il y a plus d’un an. Leurs parlementaires viennent de rendre le rapport équivalent à celui qui devra être rendu en france. Ce rapport ne parle que de DRM et les conclusions sont sans appel. Pourquoi faire les mêmes erreurs? Profitons de leur expérience pour en tirer des leçons.

3 thoughts on “Un commentaire à lire”

  1. "L’un des objectifs des DRMs étant justement la non interopérabilité"

    Ah non…l’objectif des DRM est d’empêcher l’accès non autorisé à l’oeuvre.
    Dire que l’objectif des DRM est la non-interopératibilité c’est mettre totalement de coté la volonté du gouvernement d’allier DRM avec un accès égalitaire à ces oeuvres (i.e. ne pas donner la priorité/le monopole aux multinationales comme Microsoft ou Apple)
    L’intéropératibilité ce n’est pas donner l’accès à un terminal non autorisé, c’est favoriser l’accès à un utilisateur autorisé, quelque soit sa plate forme.

  2. Ok ce n’est pas un objectif à la base, mais au minimum une conséquence ou un moyen d’empêcher la lecture non autorisé d’un fichier numérique.

    Que le gouvernement ait la volonté que les DRM soient intéropérable c’est bien. Mais ce n’est pas très réaliste. Un drm totalement intéropérable, ne peut prétendre être efficace… C’est expliqué en détail sur eucd.info: eucd.info/41.shtml avec l’exemple du logiciel libre.

  3. Je trouve très intéressant qu’une correction soit apportée par Mr Sirinelli. c’est à l’image du Web que nous souhaitons.

    Votre débat symbolise à mes yeux un point très important : la réappropriation d’une problématique technique (les DRMs) par l’homme politique ou le communiquant. A ce titre je trouve dommage que l’analyse du problème que retire la personne communiquante (au sens ou c’est elle qui va vendre ou non le projet aux politiques, en ce sens Mr Sirinelli correspond à cette description) soit tant travestie par rapport à la réalité.
    A ce titre la phrase "Je n’ai rien dit des DRM parce que je n’en pense rien de particulier" en devient meme choquante (avec tout le respect du à Mr Sirelli).
    Le problème aujourd’hui est un problème technologique, une solution technologique qui va nous imposer une manière de vivre dans les années qui arrivent. Déplacer le problème sur d’autres terrains (droits d’auteurs ou licence globale optionnelle) ne fera que renforcer le camp opposé. Nos regards se détournent des vrais problèmes. L’entreprise de diversion du gouvernement et des lobbys fonctionnent à merveille dans le cas présent.

    N’oublions pas que nos ennemis sont les DRM.
    !!!

    Bien entendu l’aspect technique a une implication dans les travaux de Mr Sirelli mais le problème est un problème technique.
    Travaillons ensemble sur nos terrains de compétences propres contre le meme ennemi.

    Il me semble que vous etes ensembles dans vos avis mais pas sur les mêmes terrains.
    Et le terrain de bataille est le DRM.

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