Pendant que l’on se bat en France pour faire inscrire le mot intéropérabilité dans la loi, les activistes américain se battent pour un autre terme barbare: la neutralité du net.
J’en parlais déjà en novembre dernier alors que Vinton Cerf prenait position dans le débat. Une fois de plus il s’agit d’une question qui déborde largement des cadres nationaux.
De quoi s’agit?
Les opérateurs télécoms souhaitent créer un Internet à 2 vitesses où:
- Les fournisseurs de contenu (les sites web) pouvant payer iront vite.
- Les autres iront lentement.
Leur position n’a rien de surprenant, il y a quelques années déjà David Isenberg et David Weinberger expliquaient le paradoxe du meilleur réseau:
“Le meilleur réseau est celui sur lequel il est le plus difficile de faire de l’argent”
On comprend vite pourquoi les opérateurs télécoms souhaite modifier le réseau et le rendre moins bon.
Le meilleur réseau est celui qui se contente de déplacer des octets de la manière la plus efficace possible, c’est celui qui est le plus ouvert et ne ferme aucune porte pour de futurs services et innovations. Ces propriétés ne permettent pas au meilleur réseau d’être celui qui rapporte le plus à son propriétaire. Pour qu’un réseau soit le meilleur en terme de retour sur investissement pour son propriétaire, il vaut mieux qu’il soit centralisé et contrôlé de manière stricte. Ainsi il est plus facile d’installer des péages et de contrôler d’éventuelles innovations ayant la force de remettre en cause les monopoles en place.
Si l’on laisse faire le marché il n’y a aucun doute sur les choix qui seront fait. Il est donc essentiel que les états régulent et garantissent la neutralité du net. Vous en saurez plus sur le débat aux USA en visitant savetheinternet.com. Et ne vous y trompez pas, le débat aura lieu chez nous aussi tôt ou tard. A moins qu’il n’ait déjà commencé?
Note que Free vient une fois de plus de jeter un beau pavé dans la mare avec ses 100 Mbps pour 30 EUR/mois sans limite de trafic.
Internet à deux vitesses ?
Pas en France en tout cas 😉
Bonjour et bravo pour votre blog
Le point pour les opérateurs, comme toute entreprise, est de rentabiliser ses investissements. La question pour eux avant de déployer la nouvelle génération de réseau (type FTTH permettant des débits > 100 Mo/s) est d’avoir une certaine garantie sur leur capacité à en facturer l’usage.
Or ces braves opérateurs sont en train de se faire manger la laine sur le dos par les Skype, MSN ou autres Google qui s’interpose entre eux et leur client, notamment dans le cadre de services de communication interpersonnelle.
Le lobbying des opérateurs auprès des régulateurs a effectivement commencé mais je trouve que c’est de bonne guerre quand on connaît les coûts de déploiement (on parle de plus de 2000 euros par foyer raccordé en FTTH !) et de maintien d’un réseau.
Cordialement
Philippe
Merci Philippe,
Le paradoxe du meilleur réseau montre que si l’on cherche à faire des bénéfices avec un réseau de communication les utilisateurs et l’innovation en patissent. Je pense donc comme Mr Billaut: l’infractructure de communication doit être un bien public, c’est à l’état de poser de la fibre partout sur le territoire, au privé de développer des services à valeur ajouté sur cette infrastructure neutre.