Il a des jours comme ça où je lis des articles qui rentrent en collision :
- – La sacem annonce “Nous allons poursuivre les internautes qui sont de gros “uploaders””
- – Presence-pc déclare “Disques durs : 0.46 € le giga-octet !”
- – Tandis que clubic titre “CD-R / DVD-R : une demande de plus en plus forte”
- – Et free propose désormais du 15/1Mbits/s à certains de ses abonnés
Alors, vous allez faire quoi ? Arrêter de télécharger, ou acheter un nouveau disque dur et vous abonner à free?
15 Mbits/s en théorie ça permet de télécharger un divx de 700Mo en moins de 10 min! Donnez ces chiffres à la SACEM, à la MPAA , la RIAA le SNEP ou la SCPP et ils frémissent, poussent de grands cris, parlent de pillage, de piraterie… Et annoncent la fin de tous les artistes !
Tous ces acteurs ne sont que des intermédiaires entre le public et les artistes. Les TIC remettent en cause leur utilité, leur point de vue est totalement faussé, il ne cherche à défendre qu’une seule chose : leur chiffre d’affaires. Vous n’avez qu’à vous promener sur les pages de présentation de leurs sites. On y parle que d’argent, de répartition, de contrôle et de poursuite. A aucun moment ils ne se préoccupent de la culture, des artistes et du public.
Oui les TICs vont faire chuter le chiffre d’affaires du secteur des industries culturelles, mais il n’est pas certain que les bénéfices baissent (au contraire) et il est certain que la diffusion de la culture va progresser donc que les artistes et le public vont y gagner.
Je propose un autre point de vue : si la technologie nous permet d’accéder aussi facilement et aussi rapidement à des contenus culturels, c’est une chance pour la culture, une chance pour les artistes et pour le public. Les seuls perdants ce sont les distributeurs, les intermédiaires. Il n’y a qu’eux qui se battent pour préserver un système qui est tout à leur avantage mais dépassé.
Et pourtant, il serait si simple de tirer parti des nouvelles technologies. Qu’au lieu de se plaindre et de se défendre comme une bête blessée, qu’ils s’engagent résolument dans le développement d’une vraie plateforme légale de téléchargement et pas des pseudos systèmes limités par des DRM[1]
A quant une plateforme de téléchargement P2P légale qui
- – Contiendrait l’ensemble des catalogues. Rendez vous compte du manque à gagner qu’il existe dans ce fond de catalogue qui est introuvable dans les magasins classiques.
- – Oublierait les DRM qui coûtent cher et ne servent qu’à une chose : pénaliser l’acheteur et le faire fuir.
- – Profiterait du P2P qui permet de faire tendre vers 0 les coûts de distribution. Ouvrez les yeux le téléchargement gratuit n’est pas une catastrophe pour la culture, mais une chance inouïe. Le problème de la distribution est grandement simplifié. Oui ça veut dire la disparition d’un certain nombre d’acteurs de la chaîne. L’économiste Schumpeter appel cela la destruction créatrice
- – Ajoutez-y du contenu (bibliographies, discographies, analyses, conseils…). C’est là votre valeur ajoutée. Avant la valeur ajoutée des distributeurs résidait dans leur capacité à amener jusqu’au magasin de musique du coin de la musique. C’était la seule manière (très coûteuse) de posséder de la musique. Le net permet de faire la même chose gratuitement. Il n’y a plus de valeur ajoutée dans cette activité, je refuse et les générations qui arrivent feront de même de payer pour le pressage d’un CD, pour son transport et sa mise en rayon. Jeremy Rifkin dans son livre l’âge de l’accès nous explique que nos sociétés sont en train d’évoluer d’une logique de la possession vers une logique de l’accès. Je ne veux plus posséder une collection de CD ou de DVD je veux avoir accès à l’ensemble des oeuvres jamais crée ! Pour cela je suis prêt à payer un abonnement mensuel.
Ne me faites pas croire qu’il n’est pas possible de proposer une plateforme P2P payante qui soit plus attractive que les Kazaa et autre Emule. Ces applications plaisent peut-être aux « geek » mais dans l’absolu elles sont nulles :
- – Le contenu proposé, bien qu’aujourd’hui plus riche que celui proposé par les plateformes légales, est loin d’être exhaustif.
- – Un même contenu est proposé plusieurs fois sous différents noms, il est toujours délicat de choisir la bonne version.
- – La qualité des enregistrements et très variable.
- – Les métadonnées (nom de l’artiste, date, titres…) ne sont pas toujours renseignées.
- – Les temps de téléchargement sont aléatoires et souvent trop longs.
- – En dehors de la gratuité, ils n’apportent aucune valeur ajoutée au public. Seul audiogalaxy à son époque avait compris où résidait la valeur de ces nouveaux modes de diffusion de la culture : l’aspect social, l’échange, le partage.
Intéressez-vous à la question des logiciels sociaux, étudiez le système de notation du forum slashdot, regardez ce que propose Flickr et del.icio.us, demandez aux personnes qui connaissent le web et on grandi avec et créé une plateforme de diffusion légale de la culture par Internet qui déchire tout! C’est la seule et l’unique réponse possible aux défis auxquels l’industrie culturelle doit faire face aujourd’hui.
Notes
[1] Digital Right Management