Résumé: (extrait du rapport lui même)
La contribution de l’industrie à la richesse nationale continue à lui donner une place centrale dans l’économie française. L’apparition de nouveaux concurrents sur la scène internationale et l’accélération du progrès technique ont cependant transformé les conditions de développement d’une industrie puissante. La France ne peut trouver sa place dans la nouvelle division internationale du travail que si elle prend l’initiative de remobiliser ses capacités industrielles et ses potentiels de recherche.
L’effort de recherche et développement industriel de la France reste faible par rapport à celui de ses concurrents. Cette faiblesse n’est cependant pas liée à l’insuffisance de la R&D au sein de chaque entreprise. Elle tient à la trop grande spécialisation industrielle de la France dans des secteurs de faible technologie, qui sont davantage soumis aux nouvelles concurrences internationales. La relance de l’innovation en France dépend donc plus de l’évolution de sa structure industrielle que du développement de l’effort de recherche dans chaque entreprise.
Les instruments actuels de la politique industrielle ne sont pas en mesure de provoquer une réorientation de l’industrie vers les hautes technologies. Les aides publiques ne se déploient guère en dehors des secteurs de la défense et de quelques secteurs liés aux grands programmes du passé. Des aides focalisées sur des secteurs nouveaux sont pourtant essentielles pour initier les innovations industrielles. Il s’agit de mettre en place une bonne coordination entre la recherche publique et les entreprises et d’aider celles-ci à assurer les risques importants auxquels elles doivent faire face. Ces risques sont inhérents à toute activité d’innovation, mais ils sont renforcés par le volume des investissements initiaux nécessaires et aggravés par l’instabilité macroéconomique.
Le volontarisme public des États-Unis et du Japon illustre une politique efficace de soutien aux industries de haute technologie. Les États-Unis financent massivement la R&D des entreprises par différentes agences, parfois liées au secteur militaire, et dont les retombées civiles sont importantes. Le gouvernement japonais finance peu la R&D des entreprises, mais joue le rôle essentiel de coordination et de prospection, orientant ainsi les efforts d’innovation des entreprises.
En France, la redéfinition d’une politique industrielle implique de redonner sens aux missions de prospection, de coordination et d’incitation. Dans un passé récent, les grands programmes ont assuré ces fonctions. De nombreux points forts de l’industrie française sont ainsi le résultat de cette politique passée comme l’aéronautique, l’industrie spatiale, le nucléaire civil ou les composants électroniques. Cette approche fondée sur le triptyque recherche publique / entreprise publique / commande publique ne peut être toutefois reconduite aujourd’hui, en raison de l’ouverture de l’économie aux échanges internationaux et des règles de la construction européenne.