Sic Transit me pose 2 questions suite à ce billet Peut-on aborder la culture d’un point de vue strictement économique? publié il y a prêt d’un an… Ces questions intéressons tout le monde j’y répond donc ici plutôt que dans les commentaires.
1) pensez-vous que cette axiomatique utilisée ici par Olivier Bomsel puisse être considérée comme l’expression d’une pensée générale des défenseurs des DRMs ?
La réponse courte:
Non.
La version un peu plus longue:
Pas encore eu le temps de tout lire mais merci pour ce lien Le logiciel libre et la mort du copyright. La notion d’écononain à la vision étriqué me plaît bien. Faire de l’économie sans faire de la sociologie me semble être une grande erreur, voir un des mals du siècle…
Je distingue trois types de défenseurs des DRM:
– L’écononain dont on vient de parler qui est capable de convaincre les financiers mais certainement pas le grand public.
– Les “Jean Jacques Goldman” ils s’y connaissent peut-être en musique mais ne capte rien à l’économie et au numérique. Le plus souvent ils le démontrent en sortant l’exemple du boulanger. Pour eux le problème est simple: des gens ne payent pas pour la musique qu’il écoute et ça va tuer la création, il faut mettre des radars sur internet comme sur les routes pour régler le problème. C’est malheureusement une position largement répandue. Il y a un gros travail d’information à faire.
– Les info-capitalistes, ce sont les plus dangereux. Ils savent bien que la théorie de l’écononain est bidon. Mais ils savent aussi que s’ils arrivent à mettre en place ce que décrit l’écononain: rendre exclusif des biens informationnels c’est banco! Il n’y a rien de plus rentable que de vendre en masse un truc qui ne coûte rien à dupliquer. (D’ailleurs il existe un exemple célèbre, ça commence par un M…) Les info-capitalistes sont prêt à tout pour réussir: prétendre qu’ils font ça pour défendre les artistes, corrompre les politiques, faire signer des traités internationaux délirants…
2) S’ils ne fait pas de doute qu’un artiste individuel puisse avoir d’autre incitation à créer que la recherche du profit, et si les logiciels libres montrent que la même chose est possible pour des productions sociales où coopèrent un grand nombre d’individu, pensez-vous que puisse ce développer aussi ce mode de production sociale pour réaliser des oeuvres aussi complexes que des films et nécessitant une coopération de nombreux individus, sachant qu’aujourd’hui c’est par l’argent qu’on les fait travailler ensemble à la réalisation d’un film ?
C’est une réflexion qui me vient souvent à l’esprit. Dans NTIC il y a Nouveau et Communication. Ces nouvelles manières de communiquer permettent de nouvelles formes d’organisations ainsi que le développement d’une intelligence collective. Pour bien fonctionner ce type d’organisation doit atteindre une masse critique qui déclenche un effet réseau démultiplicateur. Et pour que cette intelligence collective fonctionne il faut que les participants respectent “l’esprit hackers” tel que défini par Pekka Himanen dans “The Hacker’s ethic”. L’éthique du hacker c’est la conviction que l’information doit être libre. La conviction que collectivement mais aussi individuellement on a plus a gagner en diffusant une information qu’un cherchant à la garder pour soit.
Cette masse critique d’utilisateurs sachant se servir des TICs et qui adhérent à “l’esprit hackers” existe dans le domaine de l’informatique. C’est ce qui a permit de produire Linux un système comparable à Windows produit lui avec les moyens d’un Microsoft.
Personnellement j’attends le jour ou dans d’autre domaine que l’informatique tout le monde saura se servir et utilisera effectivement les TICs (probablement l’affaire d’un renouvellement des générations). Si “l’esprit hacker” se diffuse lui aussi alors je ne vois pas de raison pour que dans d’autres domaines il ne se passe la même chose.
Dans le cas d’un film il y a peut-être un autre facteur limitant: la bande passante disponible pour se partager et échanger les rushs d’un film. Je me souviens plus quel film, mais je sais qu’un réalisateur a diffusé les rushs de son film pour que d’autre puisse faire leur montage. Je ne croît pas que ce fut un succès à cause du manque de bande passante. Tiens et voila un usage pour le FTTH…